LE BERCEAU DU MONDE

Katherine Scholes

édité par Belfond

Chronique écrite le
17-07-2021

Distinction

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Rᴇ́suᴍᴇ́

Le captivant retour de l’auteure de La Reine des pluies avec un roman touché par la grâce des œuvres de Doris Lessing et de Karen Blixen, pour aborder la féminité et la maternité, dans la Tanzanie des années 1970 à la culture complexe et à l’infinie beauté.

Essie a quitté l’Angleterre pour suivre son mari Ian Lawrence, éminent archéologue, dans un campement au cœur de la brousse tanzanienne. Là, sur les bords du lac Natron, les Lawrence recherchent, depuis des générations, les traces d’une civilisation primaire.

Un jour, à la suite d’une rencontre avec le chef de la discrète tribu nomade des Hadzas, la jeune chercheuse se voit confier une étonnante mission : veiller sur Mara, une petite orpheline de quelques semaines, pendant les trois mois de la saison sèche.

Rentrée au camp, Essie s’affole : elle qui n’a jamais voulu être mère, pourra-t-elle subvenir aux besoins du nourrisson ? Sans parler des conséquences de l’arrivée de Mara sur son couple, sur sa carrière, sur ses liens avec les autres Tanzaniens, qui semblent mal accepter la présence d’une petite Hadza à leurs côtés.

Trois mois. Rien à l’échelle d’une vie, d’une civilisation, mais bien assez de temps pour bousculer le monde d’Essie et la forcer à questionner son rapport à l’amour, à la vie. Qu’adviendra-t-il de la jeune femme et de la fillette lorsque reviendront les pluies ?

Mon avis

Katherine Scholes est une auteure que je ne connaissais pas avant que le Cercle Belfond ne me fasse découvrir son dernier roman en tant que lectrice VIP. L’archéologie, les grandes étendues africaines, la maternité, la feminité, et l’influence de la grande Karen Blixen dont 𝑳𝒂 𝒇𝒆𝒓𝒎𝒆 𝒂𝒇𝒓𝒊𝒄𝒂𝒊𝒏𝒆, est considéré comme l’un des plus grands textes du XXe siècle, il ne m’en fallait pas plus pour m’emporter dans cette nouvelle lecture.

Nous sommes en 1970, dans la brousse tanzanienne où Essie vit avec son mari Ian et sa belle-mère, dans un campement situé sur un site archéologique dans la région d’Arusha, en Tanzanie, non loin des Maasaï, population d’éleveurs et de guerriers semi-nomades et des Hazda, l'une des dernières tribus de chasseurs-cueilleurs sur Terre.

Un jour, un nouveau-né hazda, va lui être confié pour quelques mois. En acceptant ce service, Essie verra sa vie bouleversée ; mariage, carrière, relation avec les tribus, tout y passe. Mais un lien d’amour indescriptible va se nouer avec Mara, au point qu’on se demande si Essie parviendra à rendre ce bébé, à la tribu africaine.

C’est un récit très dense et détaillé où l’on est plongé dans la vie d’un camp d’archéologues, où Essie doit s’adapter aux us et coutumes des tribus africaines, mais se posera aussi beaucoup de question sur sa propre vie. C’est un beau voyage où l’auteure évoque la question universelle de la maternité de façon touchante, de l’appartenance, de secrets du passé qui resurgissent, des liens du mariage qui se défont.

Les paysages décrits sont quant à eux à couper le souffle et m’ont offert une petite parenthèse loin de ma jungle parisienne. On ressent un vrai travail de recherche de l’auteure d’où cette sensation d’immersion très forte dans la vie des archéologues et dans les traditions des peuples autochtones de Tanzanie.

C’est un périple au bout du monde qui vous attend et que je ne peux que vous inciter à découvrir.