Distinction
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Rᴇ́suᴍᴇ́
Quelle est la part de l’humanité dans la crise écologique ? Non, l’humanité c’est trop large. Quelle est NOTRE responsabilité individuelle ? Bien sûr, c’est un vaste sujet et il n’est pas ici question d’essayer d’en aborder tous les contours ni de parler de la situation de tous les animaux.
Par courts chapitres, le lecteur se rendra au Centre ornithologique de Pont de Gau, au CNRS, dans une tannerie de peaux de crocodiles d’une grande marque de luxe française, à la SPA, suivra le travail de différentes associations écologiques, ira à la rencontre d’un couple de bergers dans le Var et fera connaissance avec les NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie). Le livre se fait également le porte-parole de plusieurs associations qui expliquent leurs combats au quotidien (contre la pêche intensive ou la sauvegarde des baleines).
Un journal naturaliste constitué de rencontres, reportages, souvenirs, dans différents milieux (l’alimentation, l’industrie du luxe, la santé, la recherche...), qui propose au lecteur de faire une introspection sur l’attitude contradictoire de l’homme face à l’animal : son amour inconsidéré pour les animaux face à leur extermination anthropique.
Mon avis
Journal anthropique de la cause animal est un livre poignant, puissant à vous foudroyer tant les mots sont impactants, les dessins extrêmement parlants, et l’auteure engagée, force le respect.
À travers son alter ego Enna, elle signe ici son journal en tant qu’être humain face à la cause animale.
« 𝐷𝑒𝑝𝑢𝑖𝑠 1970, 𝑙𝑎 𝑚𝑜𝑖𝑡𝑖𝑒́ 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑛𝑖𝑚𝑎𝑢𝑥 𝑠𝑎𝑢𝑣𝑎𝑔𝑒𝑠 𝑜𝑛𝑡 𝑑𝑖𝑠𝑝𝑎𝑟𝑢 𝑙𝑎 𝑠𝑐𝑖𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑎 𝑐𝑜𝑛𝑓𝑖𝑟𝑚𝑒́ 𝑞𝑢𝑒 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑣𝑖𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑢𝑛𝑒 𝑠𝑖𝑥𝑖𝑒̀𝑚𝑒 𝑒𝑥𝑡𝑖𝑛𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑒𝑠𝑝𝑒̀𝑐𝑒𝑠, 𝑙𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒 𝑑𝑒𝑝𝑢𝑖𝑠 𝑙𝑎 𝑑𝑖𝑠𝑝𝑎𝑟𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑑𝑖𝑛𝑜𝑠𝑎𝑢𝑟𝑒𝑠. »
Quand un ouvrage commence comme tel, comment ne pas se sentir immédiatement concerné(e)s par cette situation, tant elle est révélatrice d’un véritable fléau dont on a conscience certes, mais dont on ne saisit par toujours toutes les conséquences dramatiques pour notre avenir et celui de nos enfants.
J’ai aimé la sincérité qui se dégage de ce journal, l'auteure se livre à nous en faisant sa propre introspection, sans nier sa personnalité et en assumant certains choix pas toujours écologiques ou portés sur la cause animale. Elle se maquille, et porte un manteau dont la capuche est bordée d’une fourrure de lapin. Il n’y donc aucun ton moralisateur ici et il me semble que c’est important de le souligner.
Anne Defreville se remet sans cesse en question. Dans ses confidences elle nous parle de ses rencontres, de ses recherches et de ses conclusions autour de la question animale que ce soit par exemple, en abordant le sujet si sensible de la surpêche (cela m’a rappelé un reportage Netflix qui m’avait horriblement choquée tant je n’avais pas conscience des ravages sur les écosystèmes ), les traitements des souris des centres de recherches, ou encore en nous faisant visiter une tanneries de crocodiles d’une grande marque de luxe, mais il y a bien d’autres sujets encore. La thématique est si vaste que l’auteure pourrait presque continuer son propos dans une suite à ce livre.
C’est un récit intimiste, inclusif et vivant qui nous amène à nous interroger nous aussi, sur notre responsabilité individuelle face à cette crise écologique.
Alors bien sûr, certains dessins sur la maltraitance animales sont assez durs donc ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais toutefois, il est extrêmement intéressant à parcourir et je ne peux que vous le recommander chaudement.